V pour Vendetta (V for Vendetta)
Un film
de James McTeigue
Avec
Natalie Portman, Hugo Weaving, Stephen Rea, Stephen Fry, John Hurt…
Avant la trilogie Matrix, plus ou moins réussie, les frères Wachowski avaient adapté V for Vendetta pour le cinéma. Et le résultat, filmé par James McTeigue, vaut le détour.
L’action du film se situe dans un futur plus ou moins proche, en Angleterre, qui est devenue une dictature autoritaire et ultra-sécuritaire, un nouveau Reich auquel il emprunte couleurs et procédés de tortures, de discrimination, de terreur.
Dans ce monde infâme, bâti sur la peur, la guerre et la maladie, un homme masqué, répondant au nom de V prépare lentement une vengeance implacable envers le gouvernement et ses sbires, avec comme but ultime de rendre le pouvoir au peuple. La rencontre d’une jeune femme, va bouleverser sa vision des choses, et les précipiter irrémédiablement dans un futur incertain, et beaucoup de problèmes.
Là où Matrix perdait les esprits en conjectures (pseudo)-philosophiques, V for Vendetta a un discours beaucoup plus classique, simple mais tout aussi sombre.
Car le film décrit un futur tout à fait vraisemblable lorsque l’on regarde le monde d’aujourd’hui, les dirigeants du monde et les dictatures qui existent.
Le héros, V, interprété par Hugo Weaving (un masque sur le visage tout le long du film), est un homme blessé, dont la vengeance n’a d’égal que son érudition. Eclairé de son passé mais parfois aveuglé par son dessein et sa soif d’une liberté perdue, il divague et déraisonne.
McTeigue réalise un film violent, aux scènes parfois difficiles, avec toutefois un romantisme certain, incarné avec talent par V, qui semble avoir survécu au fascisme qui règne alors. La mise en scène est plutôt réussie, entrecoupée de nombreux flashbacks qui, pour une fois, servent le film et ne sont pas là pour combler les blancs dans le script.
La musique est également très présente, du classique Thaikovsky, The Girl from Ipanema, Cry me a River… des choix judicieux et qui sont intelligemment amenés dans le scénario.
L’interprétation des deux comédiens principaux, Natalie Portman dans le rôle de Evey Hammond, la jeune femme qui va aider V, et Hugo Weaving dans le rôle titre, est excellente. Mention particulière à Hugo Weaving qui, sans jamais montrer son visage, n’exprimant ainsi aucune émotion faciale, réussit à faire transpirer ses émotions sous le masque de Guy Fawkes. Natalie Portman n’est pas en reste avec des scènes particulièrement dures, de torture, le crâne rasé pour l’occasion devant la caméra.
A leurs côtés, John Hurt incarne Sutler, double du XXIème siècle d’Adolf Hitler, et impressionne de vociférations et de violence verbale.
Lorsque l’on regarde Matrix, on ne peut qu’y déceler des similitudes avec V for Vendetta, qui s’inspire autant des comics que des légendes urbaines, des mythes, des interprétations à plusieurs sens, la conspiration et ses héros de liberté.
Mais là où Matrix sombrait par moments dans le ridicule et la surenchère, V for Vendetta résonne d’un classicisme et d’un romanesque jusqu’à ses dernières secondes, ce qui rend l’œuvre bien plus attachante et réussit.
McTeigue, premier assistant réalisateur sur de nombreux films, dont Matrix et Star Wars, Episode II, réussit à faire passer l’émotion à travers la violence mais aussi à conserver son intrigue, intelligemment, jusqu’à la fin.
Un film qui mérite le coup d’œil, une production ambitieuse pour une fois loin des Etats-Unis, ce qui ne gâche rien au plaisir du spectateur.
Arnaud Meunier
23/04/2006